Gabon : Hervé Opiangah s’arroge les forces contestataires de la rue

 

Se présentant comme un produit de la rue, Hervé Patrick Opiangah a lancé ou réinstauré, le 29 juillet, un contrat de confiance avec les jeunes des Mapanes, ces quartiers sous-intégrés et populaires de Libreville. Au stade de Nzeng-Ayong et à l’approche de la présidentielle, le leader de l’Udis qui plaide pour que leurs voix comptent, les a appelés à la discipline, donnant un mot d’ordre : «personne ne doit bouger pour suivre qui que ce soit, de la majorité ou de l’opposition, si je ne vous ai pas donné le top !»

Hervé patrick Opiangah s’adressant à la foule, le 29 juillet 2023. © Gabonreview

 

Plus fort que Bertrand Zibi ? En tous cas, stratosphérique par rapport à Gaël Koumba Ayouné, dit Général des Mapanes. Ces deux acteurs de l’arène politique se sont toujours proclamés proches ou gourous des jeunes désœuvrés et même délinquants des quartiers populaires de la capitale gabonais. Ils ne l’ont cependant jamais démontré en drainant autant jeunes en public que Hervé Patrick Opiangah le week-end écoulé. Composés, pour plus de la moitié, de petites frappes et braqueurs à la petite semaine, ils étaient là, par milliers (entre 6000 et 7000 selon les reporters de GabonReview, entre 8000 et 10000 selon Gabon Media Time), reconnaissables à leur look, dégaines, gouaille, jargon, invectives entre bandes rivales, parfois balafres ou cicatrices, et surtout état second pour un bon nombre d’entre eux.

Instantanés du meeting d’Opiangah, le 29 juillet 2023, au stade de Nzeng-Ayong à Libreville. © Gabonreview

«J’étais un fils de la rue», a déclaré le samedi 29 juillet, au stade de Nzeng-Ayong, Hervé Patrick Opiangah. L’idée : réinstaurer un contrat de confiance avec ces jeunes, considérés comme des rebuts de la société, pour mieux porter leurs voix. «Je me bats pour que votre voix soit entendue au plus haut niveau de l’État. Pour faire en sorte qu’il y ait une véritable politique sociale pour encadrer et aider à la réinsertion de tous les jeunes de la rue et des Mapanes», a déclaré le président de l’Union pour la démocratie et l’intégration sociale (Udis). Ce qui caractérise le jeune des Mapanes, leur a-t-il dit, «c’est d’abord la discipline».

Alors qu’en période électorale au Gabon les jeunes issus des milieux défavorisés et vivant dans la précarité sont souvent instrumentalisés, Hervé Patrick Opiangah les a invités à ne pas se laisser prendre. «Ce que je fais aujourd’hui c’est pour anticiper sur l’avenir pour qu’on ne se serve pas de vous pour dire qu’on va casser, qu’on va piller, qu’on va brûler», a-t-il martelé. «Vous savez, beaucoup de gens profitent de vous dans le noir, et ont du mal à assumer le lien avec vous», a souligné celui qui dit n’avoir pas honte de discuter avec ces jeunes considérés comme des exclus de la société. «Je parle avec vous à visage découvert parce que j’ai envie qu’on considère la catégorie des hommes que nous représentons», a-t-il affirmé s’identifiant à cette jeunesse en mal d’avenir.

«Personne ne doit bouger pour (…) si je ne vous ai pas donné le top»

Dans le lot, plusieurs bangandos (bandits) dont ceux ayant séjourné en prison (Ngata, dans le jargon des Mapanes). «J’ai même écrit un livre où je parle des réalités de la Ngata parce que j’y étais», a-t-il rappelé, véhiculant un message d’espoir à ces jeunes de la rue.  «Maintenant que nous sommes dehors, ça veut dire qu’on a payé notre dette envers la société», a-t-il ajouté. «Et si on a payé notre dette envers la société, nous aussi on mérite que la société se préoccupe de notre devenir», a-t-il poursuivi invitant son auditoire à faire le meilleur choix dans les urnes. Et le leader de l’Udis de donner une instruction : «personne ne doit bouger pour suivre qui que ce soit, de la majorité ou de l’opposition, si je ne vous ai pas donné le top».

La démarche d’Hervé Patrick Opiangah était tout aussi de se positionner comme le guide des jeunes des Mapanes. «Si je vous donne le top, ça voudrait dire qu’on aura les assurances que demain on va s’occuper de nous», a-t-il assuré. «Quand on parle des jeunes des Mapanes, on a l’impression que ce sont des animaux qui sont venus d’ailleurs alors que c’est le pays auquel nous appartenons tous et aspirons aussi à quelque chose de bien pour l’avenir», a-t-il commenté. «Même si je sais comment vous retrouver, faites en sorte que cette année 2023 vous n’écoutiez que ma seule voix. On n’a pas déjà grand-chose dans notre pays», a-t-il conseillé.

«On parle du rêve américain, il y a aussi le rêve gabonais»

Si pour le président de l’Udis, le candidat élu au soir du 26 août devra compter avec les jeunes de la rue et des Mapanes, et les pouvoirs publics devront mettre en place des filets sociaux afin de prendre en compte la détresse de chaque citoyen. «On doit être responsable, refuser qu’on instrumentalise qui que ce soit. Acceptons de suivre celui qui va nous donner la garantie que demain il s’occupera des jeunes des Mapanes», a-t-il conseillé invitant ces jeunes à ne pas céder à la manipulation pour de l’argent. «Moi je pense d’abord aux jeunes de la rue parce que moi-même je suis un produit de la rue», a-t-il déclaré.

Pour lui, appartenir à la rue ou vivre dans les Mapanes n’exclut pas le rêve. «J’ai été dans la rue, aujourd’hui je suis un capitaine d’industrie, je donne au moins 2 000 emplois dans ce Gabon», a témoigné Opiangah. «On parle du rêve américain, il y a aussi le rêve gabonais», a-t-il formulé soulignant que le rêve gabonais, celui des meilleurs conditions de vie, pourrait être réalité pour les jeunes du mapanes qui se laisseront guider par lui. «Je saurai vous retrouver encore pour vous réunir pour la suite. Les gens voudront vous instrumentaliser, n’acceptez pas», a-t-il presqu’ordonné. «Je n’ai pas la prétention de dire qu’on va aider tous les jeunes de la rue en même temps», a précisé Hervé Patrick Opiangah qui dit voir grand pour les jeunes du mapanes.

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