Bourses scolaires et fonction publique : le CTRI fait-il face à sa première crise de confiance ?

Le tollé que suscite le changement des critères d’attribution des allocations scolaires dans le secondaire rappelle brutalement et à s’y méprendre, le douloureux souvenir du changement malicieux des règles du jeu lors des dernières élections générales qui ont coûté le pouvoir à la bande à Ali Bongo Ondimba, le 30 août 2023.

Ce rappel, loin d’être fortuit, devrait interpeller les nouveaux hommes forts de Libreville quant à la nécessité pour un dirigeant de se méfier des annonces à « l’emporte-pièce » au risque d’être pris dans le piège du double langage et des rétropédalages préjudiciables à la crédibilité du pouvoir (du Chef) et à la sincérité face à la parole donnée, caractéristique des sociétés africaines et traditionnelles à laquelle le Gabon appartient encore malgré tout.

 Piqûre de rappel

Après avoir repassé et réécouté maintes fois le discours d’investiture de Brice Clotaire Oligui Nguema, le 4 septembre dernier, nulle part le nouvel homme de Libreville n’avait fait mention des critères d’attribution des bourses scolaires, autres que celles connues depuis belle lurette, c’est-à-dire avoir obtenu, pour tout élève et tous cycles confondus, une moyenne trimestrielle supérieure ou égale à 10 sur 20.

Quel message les nouvelles autorités envoient elles à la communauté scolaire en introduisant de nouveaux critères en cours d’année académique ?

De toute évidence, l’applaudimètre et le crédit du nouveau régime n’ont jamais été aussi bas, après l’annonce des « fameux critères « d’excellence » dans l’attribution des bourses d’études dans le secondaire, à 12/20 dans le premier cycle et 11 dans le second.

Dans un système scolaire où l’on relève de fortes disparités dans les conditions d’études d’un coin du pays à un autre, ces critères -en plus d’être impopulaires- soulèvent de réels problèmes d’équité et de justice sociale.

 Le piège de la fonction publique

Les institutions financières et monétaires internationales avaient déjà alerté sur le caractère pléthorique des effectifs de la fonction publique au Gabon, en conseillant la prudence dans les recrutements parce que la masse salariale avait fait péter les jauges et curseurs depuis des lustres.

Pourtant, surfant sur la vague de popularité et de la toute puissance, les nouveaux hommes forts de Libreville ont rouvert grand les vannes d’un recrutement de masse dans un pays où près de 80% des jeunes diplômés sont à la recherche d’un premier emploi.

Plus de 130 mille de ces jeunes gens ont donc candidaté, alors même que les effectifs actuels culminent déjà à plus de 100 mille salariés toute catégorie comprise. Selon des chiffres évoqués lors des cérémonies des vœux au chef de l’Etat, au total le CTRI aurait donné son feu vert pour environ 8 500 nouveaux postes budgétaires. Qui prendre ? Qui laisser sur le carreau ?

Casse-tête chinois

Comment expliquer, au bout du processus de recrutement annoncé, à un candidat que son intégration n’a pu avoir lieu pendant que son camarade de promotion à l’ENS, à l »INSG ou à l’ENA est retenu; alors même que les deux sont au chômage depuis 10 ans voir plus ?

Comment faire comprendre à tous ces jeunes gens qui seront bientôt dans cette situation que le Gabon est pour tous ?

Il n’y avait-il pas mieux à faire, en commençant par exemple par un état des lieux, dresser ensuite un état de besoins par département et organiser in fine un concours d’intégration à la fonction publique, avec des quotas et des critères sélection clairs ?

Cette façon de faire, il y a sûrement d’autres pistes de réflexion, auraient sûrement aidé les nouvelles autorités à faire preuve d’équité et de transparence.

 Féeodora Madiba

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Back To Top