Prise d’otages à Coucal : Ce qu’ont dit les victimes et Glenn Moundendé

Le 24 juillet, le président Ali Bongo s’est rendu à Port-Gentil au chevet des victimes du preneur d’otage de Coucal. Là-bas, où Ali Bongo a dit s’être déplacé pour que la vérité sorte, ils ont donné leur version des faits. Avant eux, le preneur d’otage s’était expliqué dans une vidéo largement partagée sur la toile avant sa mort.

Ali Bongo consolant l’une des victimes à Port-Gentil. © Com présidentielle

 

Taxé de «forcené» par certains et de «héros» par d’autres, Glenn Patrick Moundendé est devenu célèbre au Gabon après avoir pris en otage des personnes pour mieux se faire entendre. Dérive ou détermination de l’homme décédé après avoir été traqué par des gendarmes ? Dans une vidéo prise lors de sa fuite, il disait revendiquer ce qui revient de droit aux habitants de sa localité. Là-bas disait-il, les entreprises ne respectent pas leurs engagements sociaux, traitent mal les petits salariés. Un ras-le-bol qui l’aurait amené à contacter les autorités de Mandji sans succès. «Le préfet n’a même pas voulu m’écouter. Il m’a juste menacé et il a raccroché. Le commandant de brigade de même», a-t-il dit dénonçant un état de précarité entretenu par les politiques.

La vérité selon les victimes

Si le journal l’Union ajoute à ces revendications l’immunité totale accordée par le président de la République après les actes posés, une rançon de 50 millions de francs CFA demandée aux entreprises pétrolières pour la libération des otages, son combat il ne le mènera pas jusqu’au bout puisqu’il succombera à ses blessures après des tirs du Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale. Le 24 juillet, le président Ali Bongo s’est rendu à Port-Gentil au chevet des victimes de celui qu’on nomme désormais le preneur d’otages de Coucal. «Je suis venu parce que ce qui est arrivé, il ne faut plus que ça se reproduise. Je suis venu m’assurer qu’elle allait bien. Il fallait que la vérité sorte», a déclaré Ali Bongo chez l’une des otages.

«J’ai vu un monsieur qui est venu en courant avec une arme à la main. Donc j’ai paniqué. Je pensais que c’était encore d’autres personnes qui venaient peut-être me tuer», relate cette otage qui se souvient avoir tremblé. «Quand j’ai fait ça, lui aussi il a tremblé, il a vite pris le fusil, ils se sont tirés avec le gendarme et je crois qu’il a trébuché, il a fui je ne sais plus», a poursuivi la victime qui dit avoir crié. «Ils sont venus m’attraper ils ont dit c’est fini», a-t-elle expliqué parlant des gendarmes. Ces gendarmes a-t-elle indiqué, lui faisaient des signes dans la forêt, mais sous le choc, elle n’y prêtait pas attention. «J’avais les yeux ouverts, mais je n’étais plus là parce que l’endroit où j’étais, je ne savais pas qu’on devait me retrouver là-bas», a-t-elle déclaré.

Le gendarme ayant pris une balle au pied. © Com présidentielle

Leur parole contre celle du mort

«Je suis même surprise que je me retrouve encore ici aujourd’hui. J’ai fait 48h dans la forêt sans manger. On a abusé de moi», a-t-elle affirmé. «On avait déjà reçu l’ordre que s’il tire on essaie de tirer», a fait savoir un gendarme interné après avoir reçu une balle. «Mais on ne pouvait pas tirer puisque la femme était allongée, son arme cachée sous le drap. Il disait à la femme que si elle court, il va tirer», a-t-il poursuivi disant avoir promis à GPM qu’il lui tirerait dessus s’il bougeait. «Mais il n’a pas voulu comprendre. Il a levé son arme. Donc on a commencé à se bagarrer j’ai poussé l’arme. Il a couru, il a tiré, j’ai tiré, mais je ne l’ai pas eu», a témoigné le gendarme qui assure l’avoir raté. «C’est là où moi j’ai pris la balle au pied. Mais c’est à partir de là qu’on a réussi à sauver la dame», a-t-il déclaré.

La dame et lui ont été évacués à Port-Gentil, mais la traque du preneur d’otages s’est poursuivie. Une traque que Glenn Patrick Moundende avait commencé à expliquer dans sa vidéo. «C’est comme ça que nous nous sommes mis à courir», a-t-il fait savoir avant sa mort. Arrivé dans une petite forêt, il dit avoir demandé aux deux personnes qui étaient avec lui de se cacher pour leur sécurité puis avoir continué la course avant de traverser une deuxième voie et se jeter à l’herbe pour fuir les gendarmes. «Pourtant j’étais armé. J’avais des cartouches avec mon calibre 12», a-t-il reconnu. «Mais ils m’ont traqué comme si j’étais une gazelle avec des torches», a-t-il réprouvé. «C’est là où un a tendu l’arme et la manière qu’ils ont tendu, ce n’était pas pour jouer. Mon arme aussi était déjà pointée», a-t-il fait savoir.

Glenn Patrick Moundendé a dit avoir agi de son propre chef. © Montage Gabonreview

«Ils m’ont traqué comme si j’étais une gazelle avec des torches»

GPM dit avoir tiré en première position sur un gendarme. Quand il s’est mis à saigner et que ses collègues sont allés à son secours, il en a profité pour fuir à nouveau. «Toute cette nuit ils sont restés là en train de me traquer», a-t-il commenté disant être allé dans les installations de Perenco prendre une autre otage pour sa sécurité. C’était une jeune fille. Fatigué après avoir marché avec elle toute la journée, il lui aurait dressé un lit. «Nous sommes restés-là. Nous n’avions plus de téléphone puisque pendant l’embuscade ils m’ont tout pris. Ensuite ils ont brûlé ma maison, la seule que j’avais, la seule que j’ai construite», a-t-il soutenu. Il a assuré avoir été repéré à travers le coup de fil émis pour entrer en contact avec les gendarmes.

«Ils sont arrivés vers les 18h avec l’ordre de me tuer. Ils m’ont tiré trois coups. Trois tireurs différents. Mais aucune balle ne m’a touché», se réjouissait GPM avant sa mort. Pour la suite, l’opinion n’aura jamais la version de ce preneur d’otage dont les propos lors de sa fuite semblaient plutôt cohérents quand bien même, il avait des traits tirés et des pupilles assez dilatées. Signe d’un abus de drogue ou signe de fatigue après de longues heures de traque ? GPM est né le 1er janvier 1989 et décédé le 21 juillet 2023.

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