Elections 2023 : Ali Bongo et Mike Jocktane candidats, pourquoi pas Jean Bernard Asséko Mve ?

Candidat déclaré aux prochaines élections législatives, le cas du Monseigneur Jean Bernard Asséko Mve dont la candidature n’a pas été retenue par le Centre gabonais des élections (CGE) interpelle et alimente la chronique dans les chaumières et salons feutrés de la capitale gabonaise. «Pourquoi ne peut-il pas être candidat alors que le Raïs Ali Bongo Ondimba et l’évêque Mike Jocktane, citoyens gabonais, ont été retenus pour la présidentielle ?» s’interroge-t-on à Libreville.

Monseigneur Jean Bernard Asséko Mve en pleine célébration de messe. © D.R.

 

Connue pour ses homélies «jugées subversives», Monseigneur Jean-Bernard Asséko Mvé, curé de la paroisse Immaculée Conception de Bitam, s’est souvent ému pour «le spectacle désolant et dégradant de la vie sociale au Gabon». Vu comme faisant partie des «évêques du sursaut de conscience», il a décidé de pousser son combat plus loin en briguant un siège à l’hémicycle de la Représentation nationale. Sauf que le Centre gabonais des élections (CGE), l’organe chargé de la validation des candidatures a rejeté le dossier de ce prélat.

À suite de la diffusion de la liste d’au moins 900 candidatures retenues, des interrogations fusent malgré les explications de l’organisateur des scrutins. En effet, le CGE dirigé par Michel Stéphane Bonda explique que la candidature de Jean Bernard Asseko Mve, qui postulait pour le 4e siège du département du Ntem, dans le nord du Gabon, n’a pas été retenue pour deux raisons.

La première, souligne le CGE s’inspirant du droit canonique de 1905, indique que «le prêtre est un citoyen comme les autres. En revanche, l’Église catholique, dans son droit canonique, n’autorise pas les prêtres à remplir les fonctions politiques». «Si un prêtre catholique se porte candidat à l’élection des députés, poursuit le CGE, il doit au préalable démissionner. Cette lettre n’est pas jointe à ce dossier». La seconde raison est que «l’article 2 de la Constitution gabonaise affirme le principe de la séparation de l’église et de l’État».

Pour un militant d’un parti de l’opposition, «l’incompétence» du bureau du CGE doit définitivement être mise à l’index. En effet, il explique que «si on invoque cet article 2 de la Constitution gabonaise, l’État n’a pas à se soucier des règles de l’Église». «Cela veut simplement dire que l’État ne peut pas citer le droit canonique pour assoir une de ses décisions. Car, elles doivent être conformes à la Constitution, aux lois et aux règlements du Gabon», a-t-il fait savoir.

Un autre observateur fait, lui, remarquer qu’«en allant appuyer sur le droit canonique, le CGE lui-même viole l’article 2 de la Constitution». «Mieux, indique-t-il, si cette organisation fonde sa décision sur le droit canonique, c’est qu’il ne respecte pas non plus la séparation entre l’État et l’Église».

Face à ces «amalgames», les supporters de Jean Bernard Asseko Mve font remarquer que «le plus grave c’est que si le CGE dit qu’un prêtre n’a pas le droit d’être candidat, Mike Jocktane qui est évêque protestant ne doit pas être candidat. Ali Bongo qui est Raïs, chef suprême de l’église musulmane au Gabon ne doit pas être candidat».

Or ces deux personnalités ont vu leurs candidatures être validées pour la future présidentielle. «Parce qu’ils sont candidats en tant que citoyens», énonce un ressortissant de Bitam. Pour ce dernier, devisant avec ses pairs, «ni la Constitution, ni Code électoral, n’interdit à un religieux d’être candidat à une élection».

«D’où vient-il donc que le dossier du Monseigneur n’ait pas été validé ?» Ces derniers ont leur petite idée et invoquent de petites combines partisanes. «Les dés sont pipés pour ouvrir la voie à un nouveau mandat pour David Ella Mintsa qui, lui aussi, est journaliste comme le président du CGE», pensent-ils et avec assurance.

En conséquence, ces observateurs, partisans, militants s’en remettent à la présidente de la Cour constitutionnelle et l’invite à casser «une décision violant la Constitution et les lois du pays», notamment en ce moment où l’expression à la mode est «élections aux lendemains apaisés».

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