Gabon 1ère : faut-il couper la tête d’Helmut M. Boulingui ou acclamer le retour de la censure d’Etat ?

C’est une scène plutôt surréaliste et invraisemblable, vécue par les téléspectateurs de Gabon 1ère et diffusée en rotation forte tout le week-end écoulé.

Le ministre de la communication et des médias s’est livré à un cours de journalisme face à des professionnels de l’information et de la communication -le directeur général de Gabon 1ère notamment- dont les états de service ne souffrent d’aucune ambiguïté et contestation. Ce grand commis de l’Etat a été lynché en public et livré à la vindicte populaire pour avoir fait son travail : le journalisme.

 Traitement de l’information

Le crime de lèse majesté reproché par Laurence Ndong à nos confrères est d’avoir consacré de larges plages, au journal de 20 heures, au Parti démocratique gabonais (PDG), l’ancien parti unique qui a régné sur le Gabon durant 55 ans avant sa chute suite au coup d’Etat du 30 août dernier.

Ce parti honnie a fait l’actualité le week-end écoulé. Par une tactique savamment orchestrée, ses cadres ont réussi un véritable tour de magie pour refaire surface comme au beau vieux temps.

Gabon 1ère et son DG, Helmut Motchinga Boulignui ont consacré trois sujets sur cette sortie du PDG marquée par la destitution d’Ali Bongo Ondimba de la direction du parti fondé par son père Omar Bongo Ondimba le 12 mars 1968 et même la radiation de Patience Dabany, ancienne épouse d’Omar Bongo.

Aux yeux de l’ancienne opposante, régente de l’espace audiovisuel public devenue, les journalistes de Gabon 1ere auraient manqué à leur sens du devoir professionnel déontologique.

Rien n’est plus faux, pour la simple et bonne raison que l’essentiel de l’actualité -politique notamment- de cette fin de semaine était à puiser du côté du quartier « Louis », siège du PDG où le silence et la léthargie commençaient à interroger pour une formation politique qui s’est confondue à l’État 56 ans durant.

 Techniques de base du journalisme

Les critères de sélection, de traitement et de hiérarchisation de l’information, enseignés dans toutes les écoles de journalisme, voudraient que cette actualité soit montée en épingle.

Gabon 1ère ne pouvait pas ne pas faire une place de choix à cette actualité qui figurait d’ailleurs sur toutes les manchettes de la presse et de l’audiovisuel dans l’espace francophone, avec pour références RFI, France 24 et TV5. Ces médias se sont donnés à cœur joie. 

 Chasse aux sorcières

Au lendemain du « coup de la libération » du 30 août 2023, le Président de la transition a opportunément appelé les professionnels à faire un traitement de l’information en toute équilibre, neutralité et objectivité.

De toute évidence, la dernière sortie du ministre de la communication et des médias est aux antipodes de cette consigne et nous replonge vraisemblablement dans les années de plomb d’une presse ténue et épiée. Les anciens du métier se sont remémorés l’époque où Zachary Myboto, tout puissant ministre de la Communication faisait irruption dans les salles de rédactions avec son Bic rouge.

En tout cas, on pouvait tout attendre du ministre de la communication et des médias, mais pas cette symphonie mal accordée, loin des mélodies qui ont construit sa réputation en tant que défenseur de la liberté d’expression. Des libertés tout court.

Questions subsidiaires : La chasse aux sorcières est-elle finalement ouverte ? Faut-il donc craindre la guillotine pour n’avoir pas plu au palais du bord de mer ou à la patronne des médias ? Simples questions.

 Feeodora Madiba

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