Gabon : Y a-t-il vraiment un choix à faire ?

Le déséquilibre a toujours existé entre le candidat de la majorité et celui de l’opposition, mais c’est bien la première fois qu’il pourrait se révéler favorable aux forces du changement. Comment Ali Bongo, handicapé par un faible bilan, va-t-il réussir à motiver les Gabonais à croire encore en lui ?

Cette fois, l’équation risque d’être compliquée pour Ali Bongo. Malgré les énormes moyens déployés et l’ultra-médiatisation en sa faveur, le président sortant va devoir cravacher dur pour conserver son fauteuil. Sa candidature, plombée par quatorze années sans émergence promise, pourrait ne pas séduire les Gabonais, dont les aspirations déçues jusqu’ici risquent de faire le lit d’une défaite pas si impossible que cela. Pire, piégés par le bulletin unique, les candidats du PDG aux législatives risquent de subir le rejet du président sortant, avec lequel leur élection a été couplée, sans en mesurer en profondeur les risques. 

Quelles cartes vont abattre les PDGistes pour conserver leur hégémonie dans l’échiquier politique ? Plus prosaïquement, quel discours tenir pour inciter les Gabonais à aller voter ? Il y avait une option simple, que l’Émergent en chef a évitée, alors qu’elle constituait un préalable fondamental : reconnaître, au moins en partie, ses échecs. Pourquoi Ali Bongo ne l’a-t-il pas fait ? Pourquoi n’a-t-il pas cherché à ramener la sérénité dans la Nation ? Notamment faire revenir les Gabonais exilés. 

Un flagrant déni de la réalité

Certes, le programme de société « Ali Pour tous : un pacte de solidarité » est ambitieux et séduisant, même si sa formulation révèle un flagrant déni de la réalité. Mais ne vient-il pas faire écran, à la fois pour masquer la non-réalisation des programmes de 2009 et 2016, et comme révélateur que le candidat est à court de propositions ?

Pris entre le marteau de son envie de briguer un troisième mandat, et l’enclume d’un bilan famélique, il va simplifier la donne à son principal adversaire, le Professeur Albert Ondo Ossa. Lequel ne s’est pas fait prier pour dénoncer, tout au long de sa campagne, une « déficience de gouvernance au sommet de l’État ». Ou de reprendre la fameuse boutade d’Alexandre Barro Chambrier : « 7+7=0 ».

Les électeurs vont se laisser convaincre par ces éléments de langage

Assurément, comme un peuple ne peut aimer son bourreau, les électeurs vont se laisser convaincre par ces éléments de langage qui risque d’aboutir à un vote sanction contre le pouvoir en place. Sur un aspect au moins, Ali Bongo marque un point, au sujet de la préservation de la paix. Malheureusement, là aussi, le prisme semble trompeur. Durant ses deux septennats, il a, par lui-même ou par collaborateurs interposés, créé la division entre ses compatriotes en laissant germer dans la République des clans au-dessus de la loi. Des roitelets passant leur temps à humilier et rabaisser leurs concitoyens en leur déniant les mêmes droits. Et comme le scandaient des Gabonais au meeting de la Plateforme Alternance 2023 dimanche dernier : « On ne parle pas de paix à un peuple qui a faim ».

Il reste qu’en dépit, ou plutôt à cause de ce tableau sombre, les électeurs vont se ruer aux urnes demain. Car, objectivement, au-delà des mots, le choix entre la majorité et l’opposition n’aura jamais été aussi clair.

Brandy Mamboundou

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